Saga d'Argem
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Ny'alotha
Ny'alotha
Messages : 2
Date d'inscription : 21/12/2017

La destinée Empty La destinée

Jeu 21 Déc - 21:29
La destinée

A l’est du royaume, l’horizon faiblissait. La lumière devenait plus terne, plus grise. Les cauchemars hantaient les gens qui vivaient et se battaient en ces terres. Le monde semblait sombrer à cet endroit et quelques âmes peinaient à lutter.

Pourtant, c’est à l’ouest que Ny’alotha rêvait, paisiblement sur une chaude couche, blottit contre son amant. Son don lui revenait subitement, plus fort que dans le passé, plus fort qu’à l’époque où ses esprits se moquaient d’elle. Le monde allait sombrer à cet endroit et toutes les âmes s’en moquaient.

Les altars couverts de sang caillé, les brasiers de flammes vertes, les gravures ésotériques de maccabés, chaque détail s’inscrivait dans la mémoire de la femme. Tout paraissait réel et distordu.

Ny’alotha assistait à cela, accompagnée de ses esprits.
Violence se tenait à côté, présente comme le reflet guerrier de sa maîtresse, tout en muscle et en finesse comme une panthère au pelage gris moucheté, et vêtue de vêtements semblables à un mélange d’acier argenté et de tissus.
Trahison était assise en tailleur juste devant, un physique plus discret et quelconque, encore qu’elle avait de beaux yeux noisette en amande. Sa chevelure brune était noué en un chignon et elle portait un tailleur noir qui semblait luxueux quoique usé par le temps.
Envie, semblable à une petite fille, regardait le spectacle, les mains sur les yeux. Elle ne parvenait pas à refréner sa curiosité, tout en dépréciant fortement le spectacle.
Orgueil regardait de manière stoïque le spectacle, un peu en retrait. Sa consoeur Colère, elle serrait le poing. Elles se ressemblaient, comme deux jumelles avec une chevelure rousse indécente. Colère portait l’épée en étant quasiment nue, Orgeuil s’engonçait dans une armure tout en n’arborant pas d’armes.
Avarice en retrait, sortait à peine les yeux de ses livres. En faites si, de temps en temps, sa jolie frimousse se levait, se changeait en mine de dégoût pendant quelques secondes, avant de retourner estimer combien pouvait rapporter l’extermination d’un culte maléfique, et si Ny’alotha devait épouser puis pousser Hamalcar dans les escaliers.
Luxure, Gourmandise et Paresse se dispensèrent purement du spectacle pour leur part.

Debout entre toutes, la féline observait d’un oeil calme le spectacle. Elle savait que c’était un rêve, aussi elle ne craignait rien, surtout entourée par ses neuf esprits capricieux.
“Est-ce que c’est à cause d’elle… ?”
Elle parlait évidemment de la démonesse qu’ils avaient laissé s’échapper durant la dernière mission. Ny’alotha ne s’en rappelait pas exactement, mais elle se souvenait parfaitement du miroir et des milles éclats qui s'était répandu sur le sol quand ils l’avaient brisé.

“Cela y ressemble” marmonna Trahison. A nouveau, du sang coulait sur l’autel, des acolytes arrachaient le coeur d’une victime, retiraient ses viscères, avant de jeter la carcasse vide. Derrière eux, deux panneaux sculptés de grande taille semblaient former une porte vers… quelque chose.
“Et.. pour qui est-ce ?” Les longues oreilles de la chatte captèrent le moindre bruit et il  lui semblait qu’il y avait surtout des cris d’agonie qui s’élevaient de loin.
Avarice allait vers les murs, déchiffra l’antique écriture qui couvrait la pierre, soupira et annonça d’un ton las :
“Nous sommes à Hevaln, le kadai de la non-vie.”
Violence porta également son attention vers les écritures, puis s’intéressant de nouveau au spectacle.
“Ils ne libèrent pas le kahaine, mais... “
“Ils lèvent une armée” avança Colère.
“Ils créent un champion” marmonna Trahison.
Un frisson remonta l’échine de la faellen qui semblait réfléchir.
“Une armée.. de la non-vie ?” Elle grimaça, visiblement cela lui inspirait seulement du dégoût. “Est-ce qu’ils viennent de Bevône ?”
“Ils massacrent trop les corps pour en faire autre chose que des squelettes ou de la bouillie… et ils n’ont pas l’air de Bevône. Le culte de la non-vie est interdit dans le royaume de Bévône, mais est toléré quand associé à la trinité… excepté les églises extrémistes.” répondit Trahison.
“Argem n’est au courant de rien” conclut la faellen d’un ton sombre, “si une armée mort-vivante arrive aux portes de la Cité, elle sera prise, car ils réanimeront les soldats morts et ce jusqu’à qu’il ne reste plus rien.”
Ny’alotha se gratta un instant le menton d’un ongle qui tenait plus de la griffe qu’autre chose.
“Est-ce que c’est elle qui dirige tout ça ?”
“Possible.” se contenta Avarice.
Les acolytes amenaient la prochaine victimes, Ny’alotha pouvaient entendre leurs pas à l’autre bout du couloir, sans les voir.
“Nous allons trouver ce Kadai et exterminer ce culte” annonça Violence naturellement.
“C’est un excellent plan.”
Ny’alotha eut un petit sourire et finalement s’écroula sur le sol.

“Chh..u?”
Un rayon de soleil perçait à travers la frondaison. La faellen couina et posa ses mains devant ses yeux pour mieux se rouler sur le ventre.
“Bien dormit ?”
Assit sur une chaise, Hamalcar regardait Ny’alotha dormir, sa queue de félin, formant un point d’interrogation derrière lui. A côté, sur une table, le petit-déjeuner était servi.
“...”
Ny’alotha se redressa calmement dans le lit, malgré l’épouvantable cauchemar qu’elle venait de faire. Elle passa sur son visage sa main gelée et soupira :
“Est-ce qu’il est tard ?”
Elle préférait ne pas lui répondre, sans doute pour ne pas l’inquiéter.
“Il doit bien être la huitième heure du jour.”
“Alors j’ai encore un peu de temps.”
Un petit sourire en coin, la féline se redressa et sortit du lit sans faire attention au petit-déjeuner. Les boyaux et le sang lui avaient comme coupé l'appétit de toute façon.
“Tu n’as pas faim” demanda Hamalcar.
“Plus vraiment, non.”
Elle secoua doucement sa main pour appuyer ses propos.
“Je n’ai envie de rien, sauf peut-être un peu d’eau.” Un petit silence, la jeune femme tira sur elle sa robe qui l’avait quitté la nuit d’avant. “Il faut que je retourne à Argem aujourd’hui.”
“Tu pars déjà ? Je n’ai pas eut le temps de t’épouser” taquina ainsi le Faellen “mais au moins, j’ai eut quelque chose d’équivalent à des noces.”
Ny’alotha eut un petit rire, même s’il n’était pas aussi joyeux qu’elle l’aurait voulu.
“J’ai une Mission importante… et puis, je ne voudrais pas rendre jalouse tes autres femmes.”
Son fin sourire fendait son minois pâle et la rendait presque effrayante, sournoise. La faellen attrapa sa besace et fouilla à l’intérieur pour y trouver quelque chose.
“Une mission, hein ? J’ai déjà entendu ça.” marmonna le jeune homme, se remémorant la mère de sa fille et sa mission.
“J’ai fait un cauchemar cette nuit” répondit-elle simplement, attrapant un verre d’eau sur ses mots, “un horrible cauchemar dont je sais qu’il s’agit d’un futur proche. Cette Mission ne prendra pas dix ans à se réaliser… et puis… tu n’as qu’à mieux choisir tes femelles, mon bon Hamalcar. Que des oracles - tu aimes la difficulté.”
Le sourire coquenard de la faellen laissait entendre beaucoup de chose.
“J’ai un faible pour les aveugles, que veux-tu. C’est plus simple pour leur faire des surprises.”
“C’est bien la seule chose de facile avec elles.”
“Et elles sont terriblement belles, même si elles ne le voient pas.” soupira Hamalcar.
“Et toi, tu es terriblement faible.”
Un sourire ravacheur pour en rajouter un peu par dessus le marché, la faellen attrapa finalement son bâton et s’étira simplement.
“On se reverra peut-être d’ici peu, si j’ai du temps. A moins que tu ne veuilles m’accompagner jusqu’à cette horrible ville et abandonner ton rôle très important de chef de village bien sûr…”
La jeune femme eut un fin sourire. C’était sans doute Envie ou Colère qui parlait à sa place, qui lui avait alors chuchoté les quelques mots de poison qui lui étaient naturellement venu… du reste, elle ne regrettait aucun mot et fit un pas vers la porte.
“Amusante petite oracle” ronronna le chef de village “Je peux t’accompagner jusqu’à Ouestrive et te payer ta diligence. C’est déjà ça de prit.”
“Quel gentleman.” Un petit rire, “J’accepte.”
Elle remit en place sa longue chevelure blanche et sortit finalement de la pièce en silence.
“Tu es si pressé ça que ça ? Tu pars peut-être aujourd’hui mais tu peux encore profiter un peu de ton temps ici.” ronronna de nouveau le Faellen.
L’air de la faellen s’assombrit légèrement, plus sérieuse que jamais.
“Je n’ai pas véritablement le choix. A moins que ma vie amoureuse soit plus importante que la vie de centaine de milliers de personne ? …” Elle marqua une pause avant de reprendre, avec un sourire coquenard : “J’en doute. Et pour une fois que je fais preuve de compassion et d’altruisme, tu devrais être fier.”
“Et je suis fier de ma future épouse, et j’ai habitude des femmes qui me filent entre les pattes pour sauver le monde.” rétorqua Hamalcar, “Bien, nous pouvons y aller.”
Le félin se leva de sa chaise et passa la porte de la chambre pour descendre jusqu’à l’entrée. Il y avait un peu de désordre dans la maison, après la nuit avec Ny’alotha. Hamalcar eut un petit sourire en se disant qu’il ramasserait ça en rentrant.
A côté de l’oracle, Envie semblait s’étirer en marmonnant “Tu es bien sérieuse Nini. Nous avons encore du temps”
“Ca va me dégourdir” murmura-t-elle sans animosité ou entrain.
Elle aurait préféré quelque chose de plus léger comme départ, mais ce n’était pas tous les jours qu’une de ses visions était aussi précise et funeste à la fois. Si les Esprits le lui avaient montré, c’était que c’était à la fois urgent et grave. Du moins, elle le pensait.
“Luxure trouve que tu pourrais te dégourdir ici, m’enfin. C’est l’occasion de chiper des grimoires de magie à des nécromanciens. Quelques beaux livres ne peuvent pas faire de mal à ta collection.” continua Envie.
La féline leva les yeux au ciel, quand bien même elle n’en n’avait jamais vraiment vu la couleur.
“C’est un peu futile. Je sors à peine du lit, et des beaux livres, j’en ai déjà beaucoup… même de nécromanciens.”
Ny’alotha nota cependant la proposition. Il n’était jamais trop tard ou trop tôt pour faire un petit détour auprès du Collège de Nécromancie d’Argem. Ca tombait bien, car elle comptait y aller.
“Mais.” protesta Envie en faisant la moue comme une enfant gâtée à qui l’on refuse quelque chose.
La caresse de Luxure pouvait se ressentir sur l’épaule de Ny’alotha.
“Moi je me suis bien amusée ici et nous avons à faire pas vrai ? Je n’ai pas envie qu’un culte de détraqués nous prive d’un si joli monde. Notre belle oracle du malheur a une tâche à accomplir.”
“Tu vois, même Luxure est de mon avis” reprit Ny’alotha en coeur, avec une petite moue appréciatrice en se remémorant ce “bon moment” passé avec Hamalcar alors qu’elle approchait des caravanes sur le point de partir ou en plein chargement.
“Pff…” protesta de manière enfantine Envie, “Il nous reste à trouver le kadai de Hevaln.”
“Cela risque d’être long et dur” songea Luxure “Nous risquons d’avoir besoin d’une carte.”
“Cela irait vite si l’une de vous avait souvenir d’où se trouver LA carte” se moqua Trahison
“La carte… ? Quelle carte ?” maugréa Ny’alotha, comme à chaque fois qu’elles faisaient exprès de la perdre.
“Avran, la carte magique” répondit Luxure, “Un esprit trop faible pour être un Kahaine, trop fort pour être un simple esprit. C’est un maître du savoir, un érudit appréciant la géographie, l’histoire, les artefacts anciens et la magie spatiale.”
“Et bien sûr, aucune de vous ne se souvient où il est” reprit en grognant légèrement la faellen.
“Hautsorcel aux dernières nouvelles” commenta Trahison avec un petit rire, “C’est un peu loin et avec Bévône, c’est pas un endroit très sûr.”
“Hautsorcel !” Ny’alotha leva les yeux au ciel, “C’est à l’autre bout du pays !”
“Non c’est Froidmont l’autre bout” répondit Luxure au premier degré le plus total.
“...”
La féline ne répondit pas cette fois, laissant quelques secondes de silence pour mieux réfléchir - seule.
“Nous pouvons tenter d’éplucher les archives d’Argem. C’est un peu long mais moins risqué” proposa Paresse dans le fond.
“Non” maugréa de nouveau Ny’alotha, sortant de sa torpeur, osant un pas en avant, “nous n’avons pas le temps, ni l’envie.”
“La carte m’intéresse” avoua Envie.
“La carte nous intéresse, mais nous n’avons pas envie d’y passer des centaines d’heure. Les archives d’Argem c’est quoi… une vie entière de lecture ?”
“Allons à Hautsorcel. C’est sans doute aussi l’occasion de cogner sur quelques pleutres de Bévône”, proposa Violence, “Nous n’avons qu’à demander au maître de la guilde de nous envoyer là-bas”
“Cela nous fera économiser le transport !” clama joyeusement Avarice.
“... Vous n’êtes pas bêtes les filles quand vous le voulez” ricana Ny’alotha, d’un air ravi.
L’idée était en effet plaisante.
Elle grimpa dans la voiture qui était bien avancée et héla gentiment le portier :
“Nous irons à Argem, au campement de la Guilde” d’un ton calme et clair.
“A vos ordres madame” rétorqua le cocher.  
La faellen eut un petit sourire et tint fermement sa besace contre elle le temps du voyage. A un moment, elle s’assoupit même, aussi le voyage passe plus vite qu’elle ne l’aurait cru, mais pas encore assez pour arriver à Argem.
Il fallut plusieurs siestes prolongées, comas répétés et balbutiements nocturnes pour qu’enfin les grands yeux félins ne s’ouvrirent au moment où la calèche passait les portes d’Argem, capitale implacable et cent fois attaquée.
La nuit tombait doucement sur la ville, mais au moins, la chambre de Ny’alotha l’attendra à la guilde.
“Waaaaa, j’en assez !” protesta Luxure “Paresse est un peut-être contente mais j’ai envie de faire quelque chose, moi”
“Faire quoi… ?” murmura la féline en descendant calmement de la calèche qui venait de s’arrêter sur le palier de la guilde à peu de chose près.
“Ce que tu veux ! Du théâtre, de l’opéra ! Un tour dans les quartiers chauds ! J’en peux plus d’être allongée ou assise à rien faire.”
“Comme de par hasard…” ricana-t-elle en guise de réponse, attrapant sa besace d’une main et son sac de voyage de l’autre.
Elle ne poursuivit pas la discussion car c’était peine perdue de vouloir raisonner avec Luxure et s’engouffra dans le bâtiment de guilde après avoir remercié et payé la course. Ce dernier n’avait pas beaucoup changé. Elle jetait ici et là de petits regards furtifs dans les couloirs, tentant de reconnaître certains “amis”, mais à cette heure, il n’y avait personne.
Ny’alotha ne perdit pas son temps et rejoignit sa chambre qu’elle avait laissé quelques semaines auparavant, le temps d’une balade au bras d’Hamalcar. Elle grimaça en repensant à ce dernier, d’un petit air agacé, et commença à déballer ses affaires. Luxure se posa sur le lit avec un air boudeur.
“N’y pense même pas” coupa Ny’alotha avant toute tentative de corruption, sa queue oscillant avec nervosité, “je suis fatiguée, et nous avons beaucoup de chose à faire demain.”
“Un livre alors.” négocia l’esprit.
“Un livre” accorda la féline, “lequel ?”
“Ce que tu veux”
“Celui-là alors” Ny’alotha haussa les épaules et tira un livre au hasard de son sac, le poussant en bas du lit. Elle grimpa à l’intérieur de son nid douillet, glissant sous les draps et ouvrit le livre à une page au hasard, comme elle le faisait parfois. L’esprit se posa à côté de Ny’alotha, lisant en même temps qu’elle, disparaissant progressivement quand la fatigue se faisait sentir.
“Dis Nini” demanda Luxure presque transparente et avec un ton un peu mélancolique, “Tu ne nous en veux pas ?”
“De quoi exactement ?” La féline était à moitié assoupie. Sa tête était lourde, mais moins que ses paupières. Elle luttait un peu.
“De nous, de ta vie, tout aurait été plus simple sans nous.”
“Oui, sans doute” répondit Ny’alotha avec un petit sourire sur ses lèvres, roulant sur le côté, “mais … sans vous, j’aurais été seule.”
“Tu aurais trouvé quelqu’un d’autre que nous.”
“La vie, c’est un nombre incalculable de probabilité. Peut-être que j’aurais trouvé quelqu’un. Peut-être que ma vie aurait été meilleure. Peut-être pas. Je n’y pense pas…” souffla-t-elle.
“Je ne sais pas si ça doit me rassurer” commenta Luxure, “mais, merci Nini.”
“Vous êtes ma seule famille, Luxure” sourit doucement Ny’alotha, les yeux clos, somnolant, “je vous aime plus que ma propre soeur ou qu’Hamalcar alors ne t’en f-ff....”
La fatigue coupa la jeune féline dans son élan sentimental et elle s’endormit doucement, se recroquevillant sur elle-même.
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